Dans mes chroniques à la radio, à la télé et même dans mon livre, je parle souvent de trucs pour randonner avec des enfants et les convertir à ce plaisir aux bienfaits multiples. J'ai relevé à plusieurs reprises des destinations idéales pour faire de la randonnée avec des enfants. Je n'ai par contre pas souvent donné d'exemples concrets de résultats provenant de la pratique de ce sport pour la famille.
Par courriel Éric m'écrit: Je me présente Éric Charbonneau, et je voulais te parler. Après avoir écouté un de tes épisodes. Je me suis finalement senti motivé... Nous sommes une petite famille de 5 personnes qui est en train de faire depuis 2021, les 75S du Québec. Mes enfants, maintenant 11 ans, 13 ans et 17 ans, nous suivent ma femme et moi dans ce défi depuis le début. On parcourt le Québec, en camping à chaque vacances, pour couvrir les différentes régions à visiter... Wow voilà pourquoi je fais c'métier. Partager ma passion et convertir des gens en adeptes de rando! Je vous partage donc intégralement ce témoignage reçu d'Éric Charbonneau, père de 3 enfants, comme moi!
Il y a toujours quelqu’un parmi nous qui a des idées de grandeurs. J’en suis un, je carbure aux défis. Sans être un grand sportif ni un athlète, j’ai besoin d’avoir un but, un plan de match, quelque chose à atteindre qui me motive, parfois loufoque, parfois réaliste. L’envie de réaliser de nouveaux défis m’est nécessaire. Notre famille faisait du karaté depuis environ 8 ans, mais on avait besoin d’autre chose. Natif de l’Abitibi, le contact avec la nature sur une base régulière me manquait. Ayant déjà fait plusieurs randonnées dans le passé, j’ai toujours aimé cette activité. J’ai donc commencé à regarder les possibilités de faire des randonnées près de la maison. Je suis allé sur le site internet de Balise Québec, pour y trouver des idées de petites randonnées à faire en famille. Pas trop loin de la maison, faciles, seulement quelques kilomètres à parcourir, pour initier mes enfants tranquillement... Par hasard, la boucle du Mont Sombre à Saint-Donat fût choisie, un parcours de 3,2 km dans Lanaudière. On a fait la randonnée en famille. Le bonheur, les fous rires des enfants et surtout les voir tous dormir au retour dans la voiture a fait un déclic dans ma tête. On pourrait faire ça plus souvent, ça fait du bien, c’est ressourçant. C’est à ce moment que je suis tombé sur le site des 75s : un défi qui consiste à compléter 75 sentiers répartis dans toute la province. Ce défi deviendra même le moteur du choix de destination de nos vacances estivales!
C’est fait maintenant le défi est lancé, j’avais un but en tête. J’explique le plan de match à ma conjointe et ensuite aux enfants. Ma femme trouve l’idée un peu intense, mais comme elle me connait et elle sait que quand j’ai une idée dans la tête, il est inutile d’essayer de me décourager! Les enfants eux, ne croyaient pas que j’étais sérieux, mais ils ont tôt fait de réaliser que le projet se mettait en branle lorsqu’on a fait une mise à jour de tous nos équipements et planifié quelques fins de semaine en randonnée. Commençant par les sentiers les plus rapprochés de la maison, notre première randonnée officielle des 75s fût le mont Kaaikop. Un premier vrai défi, intermédiaire, avec de bonnes ascensions. C'est à ce moment que nos premières négociations ont débuté avec les enfants... Ils ont 9, 11 et 14 ans à l'époque. “C’est difficile!”, “Je sue ma vie!”, “Pourquoi, on fait ça?”. Et puis, tout en continuant l’ascension, un pas à la fois, une collation ici et là, la paie arrive enfin: le sommet. Une métamorphose s’observe sur leurs visages, passants d’une mine grincheuse au plus beau des sourires. Entendre des : “Wow!”, des “Merci de m’avoir amené!”, “Une chance que tu m’as convaincu de continuer!”, ont été ma récompense de papa! On prend une photo, on mange... car il faut aussi redescendre, mais ils n’y pensent pas encore à cet instant!
On planifie alors certaines fins de semaines avant la rentrée scolaire pour faire des randonnées. Et puis une en novembre, suivie d'une en décembre, durant le temps des fêtes. Ensuite, on ralentit un peu la cadence durant les plus gros froids de l’hiver. Une seule en février. Pendant cette période hivernale, on décide de choisir une destination pour nos vacances d’été en fonction des randonnées du 75s qui y sont associées. On ira aux Iles-de-la-Madeleine! 4 randos au calendrier. Mais c’est loin les vacances, il ne faut pas perdre le rythme. On se trouve d’autres randos à faire d’ici là. C’est à ce moment que les enfants commencent à chiâler un peu plus, “C’était sérieux ce défi?”, “C’est vraiment 75 sentiers que tu veux faire?”. Ma conjointe et moi devons être créatifs pour trouver une façon de motiver les enfants. Ainsi, on commence à entendre les premières demandes spéciales et les négociations avec eux : collations particulières, surprise au sommet et à la fin du parcours, petits cadeaux-récompenses après un certain nombre de randonnées complétées, etc. Et ça marche dans tous les sens du terme!
Nous avons maintenant complété 35 randonnées de cette liste des 75s et on a visité 7 régions du Québec depuis le début de l’aventure. On a connu des randonnées très faciles mais également très difficiles. On a goûté à toutes les météos (pluie, soleil, chaud, froid) affronté les mouches noires et autres bestioles dont on ignore le nom. Mais ce que l'on retient, c'est qu'on a surtout observé des paysages magnifiques, des champignons de toutes les couleurs, des arbres immenses, des rivières et des chutes à couper le souffle. On a croisé plein de gens qui marchaient, couraient, chantaient, jasaient. On a observé des animaux sans les déranger, on a écouté la nature, senti les odeurs de chaque forêt, goûté des petits fruits sur notre parcours... Ce défi, on le vit en famille, sans wi-fi. Ces moments resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Les anecdotes qu’on se remémore durant les soupers, comme la fois où notre fille avait décidé que c’était sa dernière rando, (Ah ha! elle suit encore!), celle où nous avons fait un sentier pendant les feux de forêt (la luminosité était assez particulière), ou bien la rivière traversée avec nos bottes dans les mains parce que le pont avait été emporté par une inondation nous réunissent et solidifient nos liens familiaux. Je sais qu’on va encore devoir négocier, qu’on va peut-être devoir remettre certaines randonnées à plus tard en raison des activités sportives et parascolaires de nos enfants. On sait bien qu’on ne les fera peut-être pas toutes avec eux, mais il est aussi possible qu’un jour ils souhaitent compléter le défi avec leur propre famille... On poursuit notre liste, une randonnée à la fois. La planification est maintenant plus complexe, puisqu’il faut désormais considérer la distance à parcourir pour se rendre à une randonnée non complétée, mais chaque randonnée nous apporte son lot de découvertes et nous permet de connecter avec nos enfants, tout en faisant de l’activité physique. Tout le monde y trouve son compte, d’une façon ou d’une autre! Aujourd’hui, avec le recul, je suis fier d’avoir lancé ce défi un peu fou à ma famille, puisque rien n’a plus de valeur à mes yeux que ces souvenirs que nous créons au fil du temps. J’en conclus que la randonnée en famille, c’est tout à fait possible et surtout bénéfique pour tous.
Eric Charbonneau, papa randonneur
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